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Arts plastiques

Joachim Romain crée des tableaux environnementaux pour dompter et sublimer l’architecture urbaine.

Né de l’union d’une passionnée d’art et d’un photographe, Joachim Romain développe dès son adolescence des prédispositions à observer et à vouloir capturer photographiquement l’humeur des vestiges publicitaires des ruelles du Havre, dont il est originaire.

Plus tard, sans cesse aux aguets, il traverse les villes et les pays en continuant inlassablement à saisir les évolutions des ‘‘monuments’’ de la rue. Il collecte ainsi des images d’affiches publicitaires stratifiées, de murs en érosion couverts de graffitis, d’accumulations de papiers et matières organiques qui jonchent le sol ou s’agglutinent aux poteaux, aux rampes, aux grilles, aux colonnes promotionnelles, aux coffrets muraux de gaz et boîtiers de compteurs électriques de la ville. Il arpente les rues à l’affut d’amas dégradés par la main de l’homme, usés par les intempéries, décomposés par le temps. Puis, il s’enfonce plus profondément dans les entrailles de la ville. Par le biais de ses excursions clandestines et solitaires de lieux abandonnés, de tunnels désaffectés, de chantiers de constructions, de catacombes... cet explorateur urbain s’infiltre pour mieux maîtriser la ville moderne et ses coulisses. De voyages en voyages, l’urbexeur visite les dessous des capitales et recueille les données des zones publiques du paysage urbain comme pour mémoriser les ruines de notre société et évaluer, de fait, les perspectives de notre monde. Puis de ‘‘spectateur’’ qui fige les transformations de ces reliquats citadins, Joachim Romain devient ‘‘acteur’’ qui appose son empreinte, sa gestuelle, sa foulée... en sculptant à même la rue. Dôté seulement de ses clefs, il taillade, découpe, griffe, déchire, éventre les réclames. En jouant sur les découvertes fortuites des différentes strates des papiers publicitaires, des visages rencontrent des slogans, des typographies coudoient des couleurs, le plat côtoie le mouvement et le volume. Intégré dans la jungle urbaine, il participe à la fois à sa mue et à sa régénération. Il se contente de figer le moment par la photographie en acceptant de laisser évoluer son oeuvre sans lui. L’artiste prend alors en photo sa ‘‘street art’’ pour garder trace de son passage et de son acte puis laisse le soin à la rue et aux passants des potentiels détournements ultérieurs de ses sculptures urbaines éphémères. Il ancre ainsi le présent dans l’instant sans conditionner ni rendre prisonnier le futur. Photographe-sculpteur ou sculpteur-photographe, Joachim Romain crée des tableaux environnementaux pour dompter et sublimer l’architecture urbaine. Il récupère directement dans la rue des matières produites par notre société de consommation et il les recycle pour les faire vivre autrement, les réactiver encore avant leur propre évanescence. Il semble vouloir nous présenter sa vision de notre monde, le mélange d’une société dystopique et d’une cité idéale qui parfois produirait des ‘‘monstres’’ urbains. Du réel au virtuel il n’y a qu’un pas. Joachim Romain a étendu son insatiable envie de transformation transgression de l’univers boulimique publicitaire urbain de la ville à celui du web sans imaginer qu’il participerait à sa propre métamorphosecréatrice.

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